6. MOBILISATION DE L’ÉPARGNE ET INCLUSION FINANCIERE PAR LA MONNAIE COMPLEMENTAIRE

MOBILISATION DE L’ÉPARGNE ET INCLUSION FINANCIÈRE PAR LA MONNAIE COMPLÉMENTAIRE

6. MOBILISATION DE L’ÉPARGNE ET INCLUSION FINANCIERE PAR LA MONNAIE COMPLEMENTAIRE

Face à la rareté de leurs ressources endogènes, leur faiblesse à attirer des capitaux étrangers et la modicité des appuis de l’État, certaines collectivités locales se sont lancées dans des expériences innovantes ; celle notamment dite de la monnaie complémentaire.
C’est le cas par exemple des communes de Bristol en  Grande Bretagne, de Nantes en France, en Suisse et aux États-Unis.
La monnaie complémentaire a pour objectif de dynamiser des économies locales faibles, par l’inclusion financière et l’autonomisation des populations, combinées à l’épargne mobilisée pour accroître la capacité des collectivités locales à structurer des investissements, à mobiliser des recettes fiscales et à s’endetter. Rendre le crédit à des populations pour lesquelles il était inaccessible et accéder à leur épargne jusque-là inaccessible, voilà les termes de l’affaire.
La Casamance est un territoire économiquement et socio-culturellement intégré, une cité-région avec des périphéries et quelques épicentres dont le plus important est certainement la commune de Ziguinchor.
Y expérimenter une monnaie complémentaire signifiera de mobiliser la monnaie nationale (FCFA), uniquement utilisée pour des paiements en échange d’une monnaie des métropoles du Sénégal comme moyen d’échange. L’épargne en FCFA ainsi mobilisée permettra de financer des investissements et de servir de garantie à un accès au crédit facilité en monnaie métropolitaine.
Il s’agira concrètement d’émettre une monnaie complémentaire (un moyen d’échange) sous forme papier (bon d’échange) et électronique qui sera acheté́e et utilisée entre des membres associés pour leurs échanges intracommunautaires dans les grandes métropoles et entre eux. Ainsi, les FCFA qui ne sont plus nécessaires aux échanges intracommunautaires pourront être récupérés par le Fonds Municipal pour le Développement Solidaire (FOMUDS), investis dans des actifs liquides et moins liquides (infrastructures et actifs générateurs de revenus). Les rendements obtenus permettront d’abonder le fonds en retour qui pourra mieux octroyer des crédits en monnaie complémentaire avec des conditions avantageuses (sans intérêt et sans garantie) puisque ses coûts sont couverts par le placement de ses fonds en FCFA. Le Fonds permet enfin de convertir ses crédits monnaie complémentaire en FCFA au besoin au taux de change en vigueur.
La monnaie complémentaire n’a pas de cours légal et libératoire, ni attributs exclusifs du FCFA qu’elle ne concurrence pas et donc, reste en dehors du champ des compétences de la BCEAO.
Nous envisagerons le recours à cet important levier, dans la mesure du consentement des autorités compétentes (ministère des finances, BCEAO), par une initiative autonome de la mairie, ou en collaboration avec des entités privées spécialisées. L’essentiel est que les populations du territoire y gagnent en accès au crédit, en autonomisation et en progrès économique et social.